[10 ans pour Ewilan] Interview n°1 - Gilles Francescano

Gilles Francescano, illustrateur des Âmes croisées et du Chant du Troll, a collaboré deux ans avec son ami Pierre avec qui il n'a même pas pu partager le plaisir de voir leur livre publié.

J'ai eu la chance et le plaisir de l'interviewer par téléphone mercredi ! Très gentil, amical, sérieux, il m'a offert un moment vraiment sympathique, plein d'émotion et intéressant à souhait ! Je vous partage donc avec grand plaisir tout ce qu'il m'a raconté sur sa collaboration avec Pierre et Rageot, que je vous offre sous forme de texte, encore très oral... Laissez-vous embarquer par cette voix qui monte, qui glisse sur les murs en fils de couleurs... un Basculement.

Ma rencontre avec Pierre remonte à plusieurs années, durant le salon des Imaginales, nous savions que nous devions nous voir pour un autre projet de salon et que de notre rencontre pas mal de choses dépendaient, cela a été au delà de nos attentes, autant en rigolade et amitié qu'en termes de projets… Dès le lendemain Pierre est venu me voir parce qu’il voulait me parler d’un projet. Pierre me connaissait déjà car j’illustrais tous les livres d’un auteur qu’il lisait -Ayerdhal [NB : Cybiones, Étoiles mourantes, Parleur…], mais de mon coté son écriture m'était encore inconnue. Très vite il m'a parlé du chant du Troll, qui se nommait seulement Lena à cette époque, c'était un récit plus noir que celui publié finalement.

Entre temps j’ai donc lu tous ses romans et puis on a continué à avancer sur le projet. N’habitant pas loin l’un de l’autre on faisait pas mal de route ensemble donc ce n’était pas mal. Le projet devait commencer dès décembre mais j’ai commencé à faire les dessins dès septembre. L’écriture du texte a, quant à elle, été assez rapide et les illustrations ont pris 2 ans…

Du coup, entre temps, Pierre a pris le temps d’écrire Les âmes croisées et comme on était en plein dedans il m’a proposé de faire la couverture. Donc pour ce dernier j’ai lu le livre et après j’ai fait beaucoup de croquis pour cette couverture avant le choix définitif. Pour Le chant du Troll, j’envoyais chaque semaine des dessins -les personnages au départ- et lui il attendait les dessins avec impatience et plaisir. [Il voulait savoir ce que ça allait donner, voir ses personnages.] Oui, il voulait voir comment j’allais m’approprier ses mots.

L’éditeur ensuite validait le travail au fur et à mesure… Et je devais « montrer patte blanche » car on ne connaissait pas mon travail, pas encore. De plus, pour un livre jeunesse l’histoire a vraiment un côté très sombre. Malgré cela, on me demandait souvent d'atténuer le coté noir de mes illustrations.

[On m’a aussi parlé d’une image - ci-contre - qui est en carte postale qui devait être la couverture au départ ?]

L’image qui devait être au départ la couverture a été la dernière image du livre vue par Pierre. Il l’adorait et il m’en a parlé le samedi midi. [La veille de son malheureux accident.] Finalement, après son décès, on a jugé avec l’éditrice que l’illustration était trop triste pour qu’elle devienne la couverture.

Mais il y a aussi beaucoup d’autres images qui n’ont jamais été publiées. Je prépare un recueil-en partie sur cette période et il y aura quelques images inédites à découvrir ! Mais sinon je n’ai pas réussi à me séparer de tous les essais, les évolutions d’images…

[Qu’avez-vous préféré dans ce beau projet ?]

En fait surtout les moments en dehors du travail ! Ca a été beaucoup de rire ! Disons que c’était assez intense, c’était deux années vraiment sous-pression.

Pierre Bottero voulait faire un autre livre illustré avec moi sur un personnage de la Quête d’Ewilan dont on ne connaissait pas le passé, et il y en a finalement peu. Il faut essayer de deviner lequel alors !

[Qu’est-ce que cela vous a apporté pour votre travail, et votre vie… plus le côté humain ?]

D’abord je pense que ça a pas mal accéléré mon temps de travail sur une illustration. C’était une période où j’ai vraiment beaucoup travaillé et ça m’a surtout permis cette accélération, mais sinon ça n’a rien changé à mes dessins.

Cela m'a surtout permis de rencontrer la communauté Marchombres, vous, et tous les fans… c’est surtout ça, beaucoup de belles rencontres.

////////////////////////////////////////////////////////////////////////// PORTRAIT CHINOIS

 Si vous étiez…  

Une  illustration d’un roman de Pierre ?

Les âmes croisées.

Un livre de Pierre ?

Celui qu’il n’a pas écrit.

Un de ses personnages ? 

Eejil.

Un de ses lieux ?

Le ponton.

Une qualité et un défaut de Pierre ?

Ses baskets roses.

[Merci beaucoup pour les réponses, ça m’a fait très plaisir ! En espérant se rencontrer un jour !]

Oui, en espérant se rencontrer un jour, à bientôt !

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Lui

Gilles Francescano est né en 1966 à Nice. Après une enfance prise entre la mer et la ville, Stephen King, Théodore Sturgeon, Tolkien et les pochettes de disques l’amènent à traduire son amour de la lecture. Depuis, ses images qui mêlent la science-fiction, la poésie et le fantastique ornent les couvertures de romans, de jeux informatiques ou de films vidéo. Il vit aujourd’hui dans la Drôme où il se consacre à l’illustration, à divers projets allant de la bande dessinée au livre illustré et… à la course à pied.

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