"Le silence est un vernis protecteur contre la douleur."
« Bienvenue dans la splendide famille Sinclair. / Chez nous il n’y a pas de criminels / Pas de drogués / Pas de ratés » commence à raconter Cadence, aux premières pages du livre. Le style surprend, d’abord, entraîné dans cette écriture rythmée, saccadée, étonnement vibrante pourtant. Comme en observateur malsain, on entre au cœur d’une famille parfaite, en haut de l’échelle sociale avec ses capitaux extrêmement élevés, qui joue avec les apparences mieux que quiconque. Très vite, le voile est levé, car là n’est pas le mystère. Cette perfection n’existe pas vraiment, les apparences sont cesse maintenues, mais derrière celles-ci se cachent des drames internes, plus ou moins complexes, plus ou moins destructeurs. Et une tragédie. Un mensonge. Et pas la vérité. Que s’est-il réellement passé durant l’été quinze ?
E. Lockhart nous plonge dans une ambiance unique et ravissante, où la beauté d’étés, de moments et de personnages radieux, se frotte au mensonge, à la peur, à la vérité qui se fait attendre, en envoyant des signaux piquants, apeurant, étonnants. L’auteure, avec ce style assez unique qui est cadencé par une souffle, rythmé par des sentiments, allumé par un battement intérieur et une bataille intérieure, crée une atmosphère saisissante, un air élagué de toute illusion mais saturé de mensonges.
Les Menteurs, c’est ce groupe de quatre amis, constitué de trois cousins et d’un étranger à la famille pourtant pas moins intégré aux menteurs que n’importe lequel des trois autres. Ils s’amusent, avancent insouciamment dans une vie qui est déjà toute tracée pour eux et qui, plus ou moins fortement, plus ou moins vaillamment, vont commencer à se rebeller contre ça. Extrêmement fouillés, toujours plus attachants, et d’une beauté sensible et épaisse qui échappe au vernis tout plaqué de stéréotypes young-adult. La famille qui lévite autour de ces quatre personnages et qui les contraignent et les étoffent, sont tout aussi importants et tout aussi profonds.
En fait, l’auteure, avec un style extrêmement vif et émouvant, crée une intrigue prenante, un suspens saisissant, des personnages singuliers qui évoluent dans une cage dorée qu’est cette île privée, et finalement dresse un portrait frappant et caustique d’une classe sociale plus qu’aisée. Son ton est mordant, juste et acerbe, et va au plus près de la famille, dans ses étoffes les plus fragiles et les plus effilées des apparences, pour saisir dans le vif la psychologie de personnages éreintés ou glacés dans une vie déjà toute construite, sans surprise, ni élan. C’est brillant, sans équivoque, toujours plus vrai et bouleversant.
A travers ces réflexions saillantes et ce ton piquant, se dessine une histoire d’amour, et d’autres histoires de cœur où les liens entre les menteurs se tissent toujours plus fermement et lumineux. L’amour pointe, et cette histoire parfois un peu plate, prend toute sa signification à la fin, où la vérité éclate avec fracas. Alors qu’on se sent touchés, émus, par cette histoire de cœur, qui toujours plus vibrante, nous chavire et nous tord, les voiles tombent, la fin surgit. Cette dernière partie, totalement inattendue, casse tout, envoie tout valdinguer dans un empire de doutes, de larmes, de fracas.
E. Lockhart écrit donc un roman puissant et singulier, sur le mensonge, et la force impressionnante, sombre, mais parfois lumineuse, de la vérité. C’est un écrit sensible, où les personnages sont fouillés dans toutes leurs aspérités, tant au niveau personnel qu’interindividuel, et où tout tient en une fin éclatante et déchirante. C’est un roman bouleversant, loin d’être moralisateur, simplement juste, dans toute la beauté du monde, et toute sa destruction possible, sans qu’on ne puisse rien y faire.
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Par E Lockhart
Aux éditions Gallimard Jeunesse
288 pages
14€50
288 pages
14€50
Quelques avis d'auteurs
"Un roman choc, foudroyant de beauté et d'intelligence. Nous les menteurs est absolument inoubliable !" John Green (Nos étoiles contraires, Qui es-tu Alaska ?, La Face cachée de Margo)
"Triste, merveilleux et authentique." Scott Westerfeld (Uglies)
"Je ne suis pas allée me coucher parce que lisais et oh my god !" Maureen Johnson (Treize petites enveloppes bleues)
"Nous les menteurs est tout aussi génial à la deuxième lecture." Gayle Forman (Si je reste)
"Encore mieux que ce qu'on en dit." Lauren Oliver (Delirium, Le dernier jour de ma vie)
« Bienvenue dans la splendide famille Sinclair.« Comment être quelqu'un de bien quand on ne croit plus en tout ça ? » p38
Chez nous, il n'y a pas de criminels.
Pas de drogués.
Pas de ratés.
Les Sinclair sont sportifs, beaux, sveltes. Nous sommes une vieille fortune. Nous sourires sont étincelants, nos mentons carrés, nos services de fond de court agressifs.
Qu'importe si les divorces nous lacèrent le cœur au point que notre pouls se débat. Qu'importe si les comptes fiduciaires se réduisent comme peau de chagrins ; si les relevés de cartes de crédits impayés trainent sur la table de la cuisine. Qu'importe si les flacons de cachets s'amassent sur la table de nuit.
Qu'importe si l'un d'entre nous est terriblement, désespérément amoureux.
Amoureux
au point
que des mesures tout aussi désespérées
s'imposent.
Nous sommes les Sinclair.
Chez nous, personne n'est dépendant.
Personne n'a tort.
Nous vivons, du moins l’été, sur une ile privée au large du Massachusetts.
C'est peut-etre tout ce que vous avez besoin de savoir. » p15
« Le silence est un vernis protecteur contre la douleur. » p46
« Quelqu'un a écrit qu'un roman était une succession de petits étonnements. Je ressens la même chose rien qu'en passant une heure avec toi.
En prime, voici une brosse à dents verte entourée d'un ruban.
Rien ne pouvait mieux exprimer mes sentiments pour toi.
Encore mieux que le chocolat : ce moment hier soir avec toi.
Et moi qui croyais que le chocolat était la meilleure chose au monde.
En un geste profond et symbolique, je t'offre cette barre chocolatée de luxe ramenée de notre excursion à Edgartown. Tu peux soit la manger, soit t'asseoir à côté d'elle et te sentir supérieure.» p48
En prime, voici une brosse à dents verte entourée d'un ruban.
Rien ne pouvait mieux exprimer mes sentiments pour toi.
Encore mieux que le chocolat : ce moment hier soir avec toi.
Et moi qui croyais que le chocolat était la meilleure chose au monde.
En un geste profond et symbolique, je t'offre cette barre chocolatée de luxe ramenée de notre excursion à Edgartown. Tu peux soit la manger, soit t'asseoir à côté d'elle et te sentir supérieure.» p48
Bon.... Je crois que je me laisserais tenter pour les vacances. Lecture d'été parfaite !
RépondreSupprimerJe ne te remercie pas de me tenter lol
Je dois aussi le lire ! Et là, tu me tentes trooooop
RépondreSupprimerMoi je vous remercie ! :)
RépondreSupprimerJ'hésite. J'achète "Nous les menteurs" ou "Le soleil pour est toi"?? (ne me réponds pas "les deux" s'il te plaît (c'est là que ça devient dur))
RépondreSupprimerLE SOLEIL EST POUR TOI !!!! ♥
SupprimerJe n'ai lu que Nous les menteurs alors tu sais lequel je vais te conseiller !! ♥
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