Quand la littérature jeunesse crie et déchire ; ou la liberté des auteurs
« C'était comme diluer de la couleur dans l'incolore des choses. » Antoine Dole, Laisse brûler
La littérature jeunesse est un espace de liberté totale. Les auteurs en débattaient, ce week-end, à Aix-Libris, dont je vous reparlerais bientôt. Mais on le voit, tout le temps, avec des livres qui déchirent, qui aident à grandir dans nos passes difficiles. Des fois on se sent mal, non ? Des fois les livres nous aident à avancer. Ca fait mal, des fois, mais souvent ça fait du bien. Quelques livres exigeant, criant, déchirants, glauques ou trashs, pour vous aider à avancer.
Un roman à plusieurs voix, sombre et profond
Laisse brûler, dont je vous reparlerais bientôt, est un roman à la polyphonie complexe et réussie, mais surtout aux thèmes sombres et poignants, traités avec une grande justesse littéraire. D'une exigence épatante et dans une langue maîtrisée avec ardeur et tourments, Antoine Dole nous livre un récit à 3 voies/voix plein de puissance. La justesse des sentiments s'allie à la coupure dévastatrice des mots, qui laissent jaillir nos émotions les plus enfouies. S'inscrivant parfaitement dans les débuts de la collection Exprim', qui se voulait mouvante et dérangeante, Laisse brûler questionne nos rapports aux autres, et notre difficile remontée au sein d'une société essoufflée et impuissante. C'est le texte implacable de la "collision entre soi et le reste", le texte comme un récif de nos frottements plein de souillures et de craquelures à un monde où l'espoir peut rejaillir... mais seulement au fond des cendres.
Un roman bouleversant sur deux vies dans un seul corps
Hors de moi raconte une histoire juste et vibrante, sur un thème difficile qu'est celui de la grossesse d'une jeune fille de 16 ans. C'est aussi le chemin difficile et cruel à l'adolescence de la reconstruction. Par une introspection très touchante avec des mots plein de douceur, et parfois plus acérés, Florence Hinckel trace le chemin douloureux de son adolescente, et montre la dureté d'un chemin pas commun, et pourtant bien réel. Elle aborde aussi l'influence parfois hargneuse du collège ou d'une société trop normée, qui n'accorde comme regards à ces vies que de ceux qui détruisent. Déchirant, mais lumineux.
Un univers sombre et mauvais
Kaleb est LE livre du mal en littérature jeunes adultes : de quoi plonger en enfer, avec le mystérieux et sadique Kaleb. Ce premier tome trépidant nous plonge dans la tête de ce anti-héros qui se découvre un destin au passé très lointain. En jouant sur l'ambiguité d'un héros qui veut le mal, Myra Eljundir plonge aux origines de celui-ci tout en en faisant un portrait sombre et torturé. Le mal ne nous habite-t-il pas tous ? >>>
Revanche aborde le sujet dur et sensible du suicide face au harcèlement. Cat Clarke est d'abord partie d'un fait réel qui était le suicide d'un jeune garçon après le harcèlement de ses camarades sur la révélation de son homosexualité, de façon gênante. Elle en a fait un roman qui tient en haleine et qui émeut. Si les personnages sont parfois stéréotypés et la narration peu singulière, le ton est là : brut, direct, vif. Ca prend et emporte, et on en ressort changés. Un roman choc, qui montre que la littérature adolescente est aussi là ça. C'est à dire pour mettre en face du lecteur de façon dure, mais réelle, quelque chose qu'on croyait acquis depuis longtemps. >>>
Un jeu, des réseaux, et des déchirements
Cette semaine...
- Chronique
- Compte-rendu du salon du livre jeunesse d'Aix Libris
(Note : les éditos de la semaine changent un peu pour vous proposer des articles un peu différents les uns des autres. Sans contraintes (ça variera si je veux parler de livres, de films, de musiques), et plus personnalisés au niveau du design (il changera chaque semaine, avec une citation en titre), de quoi proposer des articles un peu plus vivants, et avec une trame tout le long. Vous m'en direz des nouvelles ! Si l'édito a un thème, la semaine ne l'aura pas forcément, du moins pas sur le blog ! Ainsi, si le libellé affiche toujours édito, et si la forme est toujours un peu celle d'un récapitulatif de la semaine passée et de celle qui va venir, l'article est plus construit, plus comme une chronique qui s'évade.)
Bonne semaine à tous !
Laisse brûler me tente beaucoup ! :)
RépondreSupprimerSuper article^^
Il est sublime, et là, le mot correspond parfaitement.
RépondreSupprimerMerci beaucoup !