Le problème des stéréotypes de genre dans les albums pour la jeunesse
Deux albums de Benoît Charlat pour montrer le problème des stéréotypes de genre des les albums jeunesse.
Papa et Maman sont deux albums parus aux éditions Sarbacane.
Vous connaissez mon amour pour cette maison d’édition indépendante qui propose des livres créatifs et inventifs aux enfants, adolescents, et adultes. Les romans se font peu à peu une place de choix dans mes étagères (comprendre : des coups de cœur à la vie à la mort – de préférence la vie, c’est plus chouette) avec en première ligne Clémentine Beauvais (songez à la douceur de petites reines heureuses). Mais les albums de Sarbacane, eux, me charment tout autant (je me permet de re-citer Clémentine Beauvais avec son indispensable Hélicoptêtre, à qui j’ajoute Audrey Spiry et Sandrine Bonini pour leur Tempête narrative et colorée).
Sarbacane, c’est une maison innovante et créatrice avec :
- des romans à la forte exigence littéraire parcourus de thèmes sociaux important et / ou d’un humour à part entière, absurde et jouissif ;
- des albums éclectiques pour répondre à tous les horizons des enfants, animés par la croisée de deux arts : celui de l’illustration et celui du texte.
C’est donc d’autant plus étonnant de découvrir dans leur catalogue ces deux albums : Papa et Maman, de Benoît Charlat.
Ce qui m’intéresse ce n’est non pas de les démonter mais de démontrer (matez la figure de style) qu’ils sont l’exemple concret des problèmes de représentation et des stéréotypes du genre dans notre littérature jeunesse, encore aujourd’hui (en 2016 mes amis). D’autant plus que Sarbacane est une maison d’édition jeunesse indépendante qui ne cherche pas l’argent pour l’argent, mais l’argent pour continuer à faire des livres et de plus en plus si possible (parce que les livres c’est comme les gâteaux, plus y en a, mieux c’est).
Cela sous-entend donc que Sarbacane ne cherche pas à :
Cela sous-entend donc que Sarbacane ne cherche pas à :
- vendre des livres destinés au plus grand nombre, donc représentatifs des majorités souvent stéréotypes de la société, par un souci d’identification de la masse (un livre sur les chats se vendra par exemple beaucoup mieux qu’un livre sur le pin des landes au XIXè siècle) ;
- vendre des livres ciblés sur des publics spécifiques en se basant généralement sur des stéréotypes pour séduire et mieux vendre (prenons l’exemple des vélos (comme ça je fais toujours allusion à Mme Beauvais en filigrane – allez j’avoue, j’en suis raide dingue), vous vendrez plus de vélos si vous en vendez un rose et un bleu parce que vous séparez le marché et multipliez vos ventes par deux ; bah oui, le petit frère ne va pas récupérer le vélo rose de sa sœur).
Pour commencer, on peut donc mettre en avant les points positifs indiscutables de cet album (parce que Benoît Charlat, il me plaît bien quand même) :
- les personnages sont drôlement attachants, tout comme dans les autres albums de l’auteur (prenons, chez l’école des loisirs, le superbe Ticho l’artichaut, ou encore Chonchon le cornichon dans Didive l’endive – même si ce dernier véhicule aussi selon moi d’autres problèmes de représentations du genre en littérature jeunesse) ;
- on a donc une certaine douceur, tant dans l’album Maman que Papa (et je le précise car l’homme, dans ses clichés sexistes, est souvent associé à la dureté, à la force) et une histoire touchante, où l’enfant trouve chez ses parents un équilibre apaisant ;
- une atmosphère aussi joviale et propice à l’humour, avec des situations presque poétiques devant lesquelles on s’attendrit et qui déclenchent le rire ;
- des couleurs douces et du bleu pour tout le monde ! Quoique là encore, on peut pointer du doigt ce choix, même si c’est bien un problème sociétal plus grand qu’il est difficilement possible de gommer en littérature jeunesse : le bleu, généralement associé aux garçons, est pris comme valeur neutre pour les deux personnages – pour que tout le monde s’y retrouve – le masculin prend, encore une fois, figure de neutre (comme dans notre grammaire par exemple) ;
- si on oublie l’aspect « produit » (proposer deux livres peut permettre de vendre plus), le fait de faire deux albums permet de s’échapper des modèles de familles hétéronormées et de proposer des schémas différents (monoparentales, homoparentales, etc.) ;
- de plus, les personnages sont des animaux (des cochons), on peut donc éviter d’autres variables comme la couleur de peau (et ce serait peut-être aller trop loin de préciser que les cochons ont quand même la peau rose) ;
- la femme bricole (« hé, trop cool ! ») …une machine à laver (« ah, archi-zut, presque… »).
Entrons donc dans le cœur du sujet : les stéréotypes de genre. Je veux là pointer du doigt quelque chose d’à la fois inconscient et réprimandable dans notre littérature jeunesse d’aujourd’hui. Inconscient parce que ce sont bien des modèles existants qui sont ici présentés (si on parle d’humains et pas de cochons, certes) mais réprimandable car tout de même ces stéréotypes auraient pu être évités / retravaillés / corrigés par l’auteur et l’éditeur d’un commun accord.
Comment sont donc représentés papa et maman dans ces deux albums ?
- Papa porte un costar cravate, est heureux devant le foot, paresse sur le canapé, a une boîte de bricolage, joue au ballon avec son enfant, lit le journal, joue aux petites voitures de son enfant ;
- Maman porte une robe avec des talons hauts, fait un câlin à son enfant, se maquille, a un sac à main en bazar, s’occupe de son régime, fait la cuisine, est trop occupée par le ménage, et bricole sa machine à laver.
Pourquoi ces stéréotypes sexistes posent-ils problème dans la littérature jeunesse ?
Premier problème
On peut voir que la mère est au ménage, le père à la paresse, la mère se préoccupe de son apparence, le père de son journal et du foot, etc. Ce sont de vieux modèles qui sont issus de représentations du siècle dernier. Elles sont pourtant combattues depuis plusieurs dizaines d’années et on essaie toujours de les bannir de notre panel de représentation contemporain.
En fait, on a affaire à ces modèles féminin / masculin stéréotypés dès la première de couverture : la mère materne, elle est de l’ordre de l’intime (le câlin) et donc du domestique (elle est assignée aux tâches que sont d’élever les enfants et pour ce faire de tenir le foyer), ainsi opposée à l’image du père qui, en costar-cravate, incarne le travailleur, le masculin qui est de l’ordre de l’espace public et ainsi d’une sphère sociale moins intime (il tient seulement son enfant par la main). Selon les mécanismes sociaux étudiés par les gender studies, cette sphère traditionnellement attribuée au masculin est induite par deux choses :
- selon des préjugés basés sur des arguments biologiques (la femme enfante physiquement) le père ne s’occupe pas des enfants (d’ailleurs aucun mot comme « paterner » n’existe) ;
- l’homme doit se construire une identité dure, protectrice de sa famille. Le père devrait donc encaisser les coups, ce qui induit la construction d’une carapace émotive abnéguant un tant soit peu l’ordre des sentiments (il ne fait pas de câlin à son enfant qui semble beaucoup plus proche de sa mère).
En bref, une construction identitaire dont on pourra bientôt fêter le... millier d'années ? milliard ?
Deuxième problème
La normalisation de ces représentations. C’est bien sûr un modèle qui continue d’exister mais s’évertuer à représenter ce modèle usé ajoute une nouvelle pierre à l’édifice bâti pour ces types de modèles masculins et féminins. La publication en livre pour enfant leur donne une valeur normative.
Le travail sur ces représentations en particulier peut participer à une construction faussée et sexiste des différents modes de représentation des enfants. Parce que le sexisme est là :
- père = voiture, bricolage, ballon, travail,
- mère = régime, coquetterie, courses et ménage.
Ces représentations participent aussi à une construction de stéréotypes durables qui ne se renouvelleront pas et ne feront pas évoluer les relations entre hommes et femmes dans les couples, les familles et la société en générale.
Elles sont où les Madame ? |
Cette normalisation se fait notamment par la neutralité donnée par les mots « maman » et « papa » et non avec des personnages nommés, par exemple, (ce qui aurait pu mettre une distance entre le lecteur et le modèle proposé). Cette neutralité est aussi celle donnée par les personnages animaux – non humains.
Troisième problème
Le travail de genre se fait au quotidien, notamment par les stimuli culturels qui contribuent à une véritable imprégnation de l’enfant.
La littérature jeunesse participe donc à l’assignation des stéréotypes de genre qui sont répétés, voire omniprésents. En fait, c’est un soft-power socioculturel (pas du tout soft) qui transforme le petit lecteur… en éponge.
La littérature jeunesse participe donc à l’assignation des stéréotypes de genre qui sont répétés, voire omniprésents. En fait, c’est un soft-power socioculturel (pas du tout soft) qui transforme le petit lecteur… en éponge.
Les modèles qu’on lui propose sont d’autant plus importants que l’enfant se construit sur une reproduction des comportements et tempéraments proposés dans son éducation. L’enfant qui construit son regard selon ces stimuli culturels va donc perpétuer les stéréotypes représentés, par exemple ici pour être un père ou une mère, ou plus largement être un homme ou une femme.
En effet, la famille est un berceau conservateur des identités de genre. Or si l’enfant a affaire à de telles représentations (dans la réalité, ou dans ses albums), il va comprendre la virilité comme celle d’un père travailleur, pas trop câlin, paresseux, et la féminité comme un travail domestique important et prenant, qui laisse quand même la place à l’intime et au câlin – et à la coquetterie, et donc la séduction (et nous n’irons pas plus loin pour ne pas trop extrapoler autour de cette Maman cochonne – euuuuh truie !).
C'est d'autant plus important que l’enfant se construit en se séparant, à la puberté, du sexe opposé. Explication ? Selon des mécanismes étudiés par les sociologues des gender studies, les enfants grandissent théoriquement auprès de leur mère qui les materne, mais à la puberté, pour se construire notamment sexuellement, s’éloignent du sexe opposé : les filles de leurs pères et les garçons de leurs mères (si on reste là, bien entendu, sur un modèle plutôt classique de parentalité). Ainsi, en se basant sur des représentations comme celles des albums de Charlat, la fille se rapproche de la coquetterie et du ménage – parce qu’elle reste auprès de la mère – tandis que le garçon s’en éloigne, pour se rapprocher d’une virilité désirée et désirable, et va donc chercher à s’éloigner des objets ou comportements qu’il va penser comme féminins.
Évidemment, mon raisonnement à ses limites, notamment parce que les parents représentés dans ce livre ne sont pas forcément le même modèle que ceux du lecteur. Il reste néanmoins évident qu’on peut remettre en cause les deux albums de Benoît Charlat qui sont typiques des stéréotypes de genre aujourd’hui perpétués en littérature jeunesse.
Mais pourquoi pointer ce livre là, alors que d’autres existent, bien pires (chez Fleurus par exemple) – me direz-vous ?
- Parce que c’est l’exemple que j’ai sous la main et que c’est un très bon échantillon du problème des représentations sexistes dans la littérature jeunesse ;
- Parce que j’adore Sarbacane et que ça me fait mal aux yeux qu’une maison aussi intelligente se fourvoie dans de telles publications (pardi, reprenez-vous !) ;
- Et surtout parce qu’il faut changer nos représentations du féminin et du masculin jusque dans les recoins les plus anodins de la culture, et pas uniquement quand le sujet est le féminisme. C’est en normalisant des modèles plus inhabituels qu’on leur donnera une valeur et qu’on peut espérer, un jour (qui sait ?), palier aux stéréotypes de genre existants.
Merci pour cet article intéressant et malheureusement tellement vrai !
RépondreSupprimerMerci à toi ! Et, oui, c'est triste... Mais c'est bien à nous de faire changer les choses ! En commençant par refuser ce genre de publication.
SupprimerTOn article est très bien travaillé... Tu soulèves un problème qui dure hélas depuis trop longtemps ! JE vais partager de suite
RépondreSupprimerMERCI beaucoup. Il faut en parler en effet!
SupprimerTon article est génial, travaillé et intéressant ! Et malheureusement très vrai... mais je propose que tu écrives un contre-article, ou tu présentes des albums jeunesse qui eux proposent de la diversité dans les genres, brise les stéréotypes, etc. ! Je pense que ça pourrait être très intéressant ;)
RépondreSupprimerMerci Lulu ! Très bonne idée mais d'un côté je me dis est-ce nécessaire ? Pour moi lutter contre ces stéréotypes c'est aussi les rendre normaux, habituels, les normaliser dans tous les albums sans qu'on ne les remarque forcément ! J'y réfléchis.
SupprimerJe confirme, ton article est génial. C'est vrai que là c'est la grosse bourde pour Sarbacane. Je les adore - d'ailleurs je reçois Philippe Arnaud a la librairie bientôt, joie et cotillons! - mais c'est vrai que sur ce coup là ya un couac. Je filtre au quotidien tous les livres que me proposent les représ tout simplement parce que je n'en veux pas dans mes rayons et surtout parce que je sais que mes lecteurs ne veulent pas voir ça dans mes rayons. Et quand tu cités Fleurus malheureusement... ben c'est vrai. Le dernier dico des filles j'en ai pris un pour le regarder, il est parti direct dans les caisses de retour...
RépondreSupprimerOn a beau se dire qu'on essaie de changer les choses des fois il arrive dans tes caisses un horrible truc rose et bleu et c'est toujours la même consternation. Mais bon, on se motive, on va y arriver ! :)
Merci pour l'article encore une fois !
Merci je suis très content que tu l'aies lu et aimé ! Je suis tout à fait d'accord. De toute façon c'est un travail de tous les jours et tout le monde a le droit à l'erreur !
SupprimerBonne rencontre alors (quelle fête !), c'est quelle librairie ?
Ah, c'est une lutte de tous les instants ! (Au moins ��)
SupprimerLibrairie 45eme Parallèle à Pessac, tu seras bien évidemment le bienvenu !
Oui je viens de faire mes fouilles ! Il faut absolument que je vienne, je veux le faire depuis son ouverture rha ! En plus après je quitte Bordeaux.
RépondreSupprimerOui c'est une lutte de tous les instants. Je pars l'an prochain chez Talents Hauts pour ma part ! ;)
Talents Hauts?! C'est trop génial :) J'adore cette maison d'édition, ils font un boulot incroyable !
RépondreSupprimerN'hésite pas à passer !
Oui c'est super ! Merci beaucoup !
SupprimerYO !
RépondreSupprimerTu sais combien je suis derrière toi avec cet article. Je trouve que tu as notamment pointé du doigt des trucs très fins. Habile, Bill.
Par exemple, "la neutralité" de la représentation par le biais de parents cochons ayant chacun leurs livres (avec le côté positif : on projette ce qu'on veut comme format parental et personnage, et le côté négatif : le féminin maternel sexiste ainsi généralisé, le masculin paternel sexiste ainsi généralisé)
Cet article est très brillant et documenté. Il est super. Étoile dorée pour toi.
C'est sûr que ça fait mal quand ça vient d'auteurs et éditeurs dont on apprécie la production, mais justement, la cible de ton article est, je crois, d'autant mieux choisie que ce sont des acteurs du monde du livre qui, me semble-t-il, sont susceptibles d'entendre ce message. C'aurait été plus facile mais je crois moins intéressant (et sûrement moins efficace) de faire un tel article sur une production que chez Fleurus.
C'est un peu comme pour les gens qui font des fautes de français, quand c'est quelqu'un qui globalement, ont une bonne maîtrise de la langue, tu vas leur signaler leurs erreurs ponctuelles parce que tu sais qu'ils peuvent s'améliorer, intégrer la remarque. Tandis que quand quelqu'un parle comme un cochon, tu vas te décourager devant l'ampleur du taff et ne rien dire du tout, désespéré.
PS : J'aime la blague sur la maman cochonne.
MERCI tu es topissimement gentille ! Maintenant la barre est mise haute pour la suite (d'ailleurs je n'ai toujours rien posté).
SupprimerOui, je suis d'accord avec toi. Et c'est, de toute façon, ce qui m'a interpellé dans ces livres : ils ne sont pas faits par Fleurus mais par Sarbacane.
L'exemple des fautes d’orthographe et très bon (et bien illustré ;) ma chère) !
MERCI ENCORE !
PS : On se demande pourquoi.
(J'ai auto-illustré mon paragraphe sur les fautes de français avec des fautes de français. Voyez l'artiste.)
RépondreSupprimerBref. Merci pour cet article :)
un dernier point et pas des moindres : remarquez que dans les histoires mettant en scène des personnages de chair et d'os, les stéréotypes sont moins marqués. Par contre, quand ce sont des représentations animales, on retombe (plus) facilement dans les travers de genre...
RépondreSupprimerTout à fait juste, d'où le problème de l'anthropomorphisme !
SupprimerAh enfin ! Merci !
RépondreSupprimerQuand mes collègues ont installé ces ouvrages sur les tables de notre librairie, j'étais vraiment sceptique. C'est incroyable d'avoir autant de représentations genrées (et extrèmement démarquées) dans des albums pour tout petits.
Mais, il y a beaucoup d'espoirs, car je constate vraiment tous les jours que les arguments "neutres" d'un album sont de vrais avantages à la vente. Les parents vont craqués plus facilement si on explique que l'album est intelligent, qu'il n'enferme pas les hommes et les femmes (ou les petites filles et les petits garçons) dans des cases.
Personnellement, j'adore les "albums neutres", ils sont d'une profondeur incroyable et proposent vraiment aux enfants des représentations intelligentes. Il y en a beaucoup. Ca serait d'ailleurs intéressant d'en faire un "top" :) A creuser ? :) :) :)
En tout cas, bravo pour cet article !
Oui je suis d'accord, c'est choquant et surtout venu d'un si bel éditeur.
SupprimerAh oui ? C'est super, je me demandais en effet comment ça se passait en librairies. Est-ce aussi vrai du côté des personnes les plus âgées, les grands-parents, etc. ?
Oui ce serait bien peut-être, des idées ?
Excellent article !
RépondreSupprimerC'est une question qui revient beaucoup dans les métiers du livres, pour peu qu'on soit un peu sensibilisé à la question, et on se désole souvent devant les étalages de livres genrés pour enfant en tête de gondoles de certains points de vente du livres (que j'ai parfois du mal à appeler librairies). Mais ça en devient tellement commun et poussé à l’extrême (les Fleurus, vraiment !) que parfois on ne le voit même plus, et on ne prend plus le temps d'en parler.
Je n'avais pas spécialement fait attention à cette dernière parution chez Sarbacane, et j'avoue être un peu déçue de voir ça dans leur catalogue (même si je peux comprendre la logique du livre très vendeur qui permettra de défendre un autre livre plus sensible et moins évident, sans pour autant l'apprécier).
Merci pour ton article est sincère, juste et nuancé, j'apprécie beaucoup !
Merci beaucoup, tout ceci me va droit au cœur !
SupprimerJe suis d'accord avec toi. Toutes ces questions se nichent partout et on les oublie, surtout quand c'est chez ce genre d'éditeur qu'on croit incapable de telles représentations. Espérons que cet article ait servi à bousculer quelques consciences !
c'est la sempiternelle ritournelle entre représentation et propagande... Charlat est un type que je connais bien et que j'aime beaucoup... quand on représente une réalité, on n'est pas celui qui la produit. Ces gens-là ne peuvent pas admettre non plus que l'auteur jeunesse est un auteur qui a le droit de penser indépendamment, et qu'il n'est pas assigné à penser ce que "eux" voudraient qu'ils pensent... Donc, je trouve bien de critiquer le bouquin de n'importe quel auteur, mais pas de dire qu'il pense "mal"... On croirait à lire cet article que tous les auteurs pour la jeunesse n'ont le droit que de dire UNE chose : celle qui convient à l'auteur de l'article.
RépondreSupprimerDonc, oui, y a des auteurs pour la jeunesse qui sont sexistes, ivrognes, mal embouchés, satiriques, conservateurs, etc. Perso, y a des idées que je ne mettrai jamais dans mes livres ou mes textes, mais parce qu'elles ne me correspondent pas, mais sûrement pas pour avoir l'aval de quelqu'un qui se croit autorisé à jouer au flic de la pensée.
C'est un peu ce que je réponds à tous ceux qui veulent jouer les censeurs, parce qu'il s'agit bien de ça. Et puis je crois que les enfants doivent être confrontés à des tas d'idées différentes, même celles qu'on n'aime pas. C'est le monde qui est comme ça. Jeter un voile dessus, c'est de l'hypocrisie et de l'hygiénisme mental. Un auteur dit ce qu'il pense, qu'on le conteste, qu'on le gourmande comme un bébé qui s'est trompé, c'est une autre affaire. D'ailleurs, le livre qui vous déplaît, vous n'êtes pas obligé de l'acquérir.
Fleurus fonctionne très bien sans vous (et sans moi aussi, je déteste leur production).
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerJe suis d'accord sur deux choses :
Supprimer- La première, on ne doit pas censurer les albums pour enfants et on doit lui montrer la réalité. Oui, on est sur la même longueur d'onde. Mais ici je ne cherche pas à censurer ni à lui cacher la vérité. On doit dire à l'enfant le monde mais ça ne justifie en aucun cas d'être sexiste ou de représenter (encore une fois) les stéréotypes de genre. On a déjà beaucoup d'albums ou de livres ou de médias qui montrent cette réalité sexiste et contraignante pour les femmes et les hommes, alors c'est à des auteurs et éditeurs justement chouettes comme Charlat et Sarbacane de faire ce boulot.
- Enfin, la deuxième, on ne doit pas dire à l'auteur ce qu'il DOIT faire. Effectivement, je n'ai absolument pas à censurer son travail ou lui dire qu'il a fait mal, par contre, en tant que critique, j'ai le droit d'analyser ce que fait ressortir cet album et ce que j'en ai pensé. J'ai le droit de montrer à voir des albums que je juge mauvais dans ce qu'ils provoquent sur le lecteur. De plus, je mets aussi en avant le positif, je dis moi-même que je trouve Benoît Charlat plutôt bon. Je ne me suis jamais imposé en flic de la pensée, croyez-moi !
Enfin, je ne suis en effet pas obligé de l'acquérir (ce que je n'ai pas fait, je l'ai juste emprunté). Et là n'est pas la question : des maisons d'édition peuvent fonctionner sans nous, mais c'est aussi là le problème : on peut peut-être faire changer les choses. Quand on voit que les livres sexistes de Fleurus sont dans les meilleures ventes il ne suffit pas de dire "moi je n'achète pas", il faut peut-être aussi dire : "je n'achète pas pas PARCE QUE... et voilà pourquoi je pense que toi non plus tu ne devrais pas acheter".
Merci d'avoir commenté, à bientôt sur le blog !
Merci pour votre réponse.
RépondreSupprimerJ'avais déjà parcouru ton article au moment de sa publication, mais maintenant que je le relis, je me vois obligée de laisser un petit commentaire pour t'affirmer mon total accord. En fait, il y a quelques jours, je me suis retrouvée à farfouiller dans mes livres d'enfance afin de faire le tri, et les ai donc feuilletés. J'ai été particulièrement surprise de nombres de stéréotypes de genres, non pas parce que je pensais qu'il n'y en avait pas, mais parce qu'ils étaient issus de livres qui m'avaient plus et marqués. Par la suite, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables qui m'ont appris à me détacher de ces clichés réducteurs. Mais si cela n'avait pas été le cas ? Cette idéologie me serait elle restée ? Étant encore au lycée, je ne peux pas m'empêcher de penser que cet "endoctrinement" (en tout cas tel que je le vois) reste et a été introduit par ces modèles littéraires que tu as décrits. J'entends parfois des propos qui me font sortir les yeux de la tête, c'est incroyable. Je ne suis pas en train de dire qu'il faudrait inverser les clichés genrés, on quoi que ce soit d'autre, mais de montrer des modèles neutres afin que chacun puisse choisir quelles activités ou attitudes lui correspond le plus, et ce indépendemment de son sexe. Et non je ne pense pas que ce soit utopique.
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre que ce commentaire ai été spécialement utile et construit, mais je voulais simplement partager mon ressenti.
Je vais finir par te souhaiter non courage pour la suite de ton blog, j'attends toujours tes articles avec impatience. Merci d'avoir lu jusqu'au bout !
Mais pourquoi tant d'inquiétudes ! C'est un commentaire très bien construit et tout à fait utile puisqu'il continue la réflexion. Ça me touche d'avoir un retour si agréable et me motive à enfin me relancer dans le blog que j'avais délaissé pour le mémoire. Promis, ça arrive !
SupprimerMERCI !
(Et j'approuve bien entendu entièrement ce que tu dis !)
SupprimerBravo pour ce décryptage fort utile!
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