Nos 10 SLPJ | « Si le SLPJ ne devait servir qu'à une chose, ce serait peut-être à ça : tisser. Tisser des liens. »
Nathan et moi fêtons notre 10e SLPJ : l'occasion de revenir sur ce qui fait de ce salon un lieu de magie pure
J'ai toujours du mal à croire, même en préparant ces articles et en me rendant au salon du livre jeunesse de Montreuil (SLPJ pour les intimes) pour la dixième fois, de tout ce que ce salon du livre a apporté dans ma vie. Outre tout les plaisirs et bonheurs de lecteur qu'il a fait naître (des rencontres et lectures en pagaille), outre toutes les opportunités et rencontres professionnelles qu'il a fait germer, le salon du livre a aussi fait entrer dans ma vie des personnes qui ne l'ont plus jamais quittée. Et, comme le dit si bien mon jumeau Nathan avec qui je partage ça (comme beaucoup d'autres choses) depuis presque dix ans maintenant, le SLPJ est l'un des lieux où je me sens vraiment à ma place, chez moi, là où je dois être. Et c'est l'une des sensations les plus intenses et rares qui soient dans la vie à mon sens.
Alors pour rendre hommage à ce salon qui a participé à me / nous construire et à faire de ma / nos vie/s ce qu'elle est / sont aujourd'hui, Nathan et moi vous invitons dans un voyage dans le temps, les livres et les rencontres à travers deux articles et une vidéo qui vous rappellerons ou vous montrerons la magie du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.
Dix thématiques, dix livres
Nathan et moi revenons sur les dix thématiques des salons du livre de Montreuil que nous avons fait en vous proposant un livre (à lire et [re]relire absolument) par édition !
Le petit coeur brisé est l’un de ces livres qu’on aime autant pour l’histoire qu’on a avec que pour le roman lui-même. C’est l’un de ceux que, plus jeunes, nous avons lu — Nathan, notre mère, notre meilleure amie et moi — pendant des vacances au ski. Plusieurs pages par soir pendant une semaine nous ont emporté un temps auprès de cette famille déchirée, dans un roman noir au suspens insoutenable (la tentation de rouvrir le livre en cachette la nuit) aussi intime que romanesque. À lire au coeur de la nuit, à voix basse et dans le noir…
Un roman moins introspectif que les précédents livres de Stéphane Servant qui s’essaye aux terrains du post-apocalyptique… et, comme toujours, avec brio. Dans cette aventure où il laisse toujours assez de place à sa plume poétique et intimiste, Stéphane Servant propose avec Sirius un récit de grand souffle, haletant et addictif, qui pose, à travers la question de notre animalité et celle de notre rapport à la sauvagerie du monde, cette réflexion, bouleversante et fascinante : la littérature nous sauverait-elle en nous rappelant qui nous sommes ?
Parce qu'on ne représente jamais assez d'héroïnes, et encore moins d'héroïnes qui ressemblent à des vraies filles de la vraie vie, en voici trois aussi inouïes qu'inoubliables, menées par la plus âgée des trois, Mireille Laplanche, une jeune fille qui n'a pas la langue dans sa poche mais sait s'en servir avec autant de dextérité que Clémentine Beauvais se sert de sa plume. Les Petites Reines, c'est drôle, élancé, plein d'espoir et de thématiques fortes. Ce roman aussi féministe que boudinant est à mettre entre toutes les mains.
En 2015, Anne-Laure Bondoux avait remporté le prix La Voix des Blogueurs et avait ému toute l'assemblée, à la remise des prix, en resituant son roman et son propos dans le contexte, terrifiant, des attentats qui venaient d'avoir lieu à Paris. Encore aujourd'hui et ce depuis que Nathan et moi avons été bouleversé par notre lecture de ce roman fleuve aussi émouvant que fascinant, on est intimement persuadés que Tant que nous sommes vivants est l'incarnation d'un grand nombre de questionnements de la littérature ados que le SLPJ avait notamment donnés à voir en 2016 en proposant, dans un salon « sens-dessus-dessous », de s'interroger sur « les chamboulements de l'enfance et de l'adolescence, les soubresauts du monde », « d'explorer le désordre, le chaos, le bouleversement » et « d'évoquer les différentes directions dans lesquelles va le monde ».
En 2017, le SLPJ propose de s'interroger sur la représentation que la littérature jeunesse fait de l'enfance et de l'adolescence. Ce thème nous a tout de suite rappelé notre lecture de Qui es-tu Alaska ? de John Green (notamment suite à ma relecture, cet été, de ce chef d'œuvre de la littérature pour adolescents) qui arrive à transmettre, selon nous, l’essence même de l’adolescence : ce sentiment de grandeur et d’invincibilité que l’on ressent à cet âge-là. Qui es-tu Alaska ? est un merveilleux roman d'apprentissage qui raconte avec justesse l’intensité de l’adolescence, sa violence émotionnelle à la fois transcendante et bouleversante.
Le Salon du livre jeunesse de Montreuil vu par...
Nathan et moi !
Amélie (Poussine, lectrice et professeure)
Un souvenir fort du SLPJ :
Des souvenirs forts du SLPJ, il y en a pléthore. Passer les portes est un émerveillement renouvelé chaque année ! Mais un moment m'est lentement revenu en mémoire, un moment grave et unique, derrière les paillettes et la joie pleine et entière qui font vibrer le salon.
Ce moment, c’est la remise de prix de La Voix des Blogueurs en 2015.
Je me souviens d’abord de votre lecture, à deux voix mêlées comme ne peuvent l’être que celle de jumeaux, de vie ou de théâtre. Les mots du prologue de Tant que nous sommes vivants résonnaient comme des dagues, tranchants, découvrant chaque artère de l’écriture ciselée d’Anne-Laure Bondoux. Je me souviens ensuite du discours d’Anne-Laure Bondoux, vibrant, parcouru par la meurtrissure des attentats, quinze jours auparavant. Je me souviens du frisson qui remonte à la surface, de la peur qui enserre, puis d’une respiration de vie au rythme des mots combattants de l’autrice. Je me souviens ensuite d’une discussion avec elle autour d’une dédicace, les larmes qui jaillissent parce que c’est trop, trop absurde, trop injuste, trop écrasant, mais aussi parce que l’on va se battre et en sortir grandi-e, humain, ensemble.
Ce fut la preuve que le SLPJ peut aussi, pendant un instant, panser les blessures.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Vango de Timothée de Fombelle.
Pour m’avoir redonné l’envie de lire.
Carina Rozenfeld (autrice)
Un souvenir fort du SLPJ :
Mon premier souvenir, c’est quand j’y suis entrée pour la première fois. J’étais jeune autrice, je venais de publier Le mystère Olphite chez L’Atalante et je réalisais un de mes rêves : faire Montreuil en tant qu’écrivaine. Avant cela, je n’y avais jamais mis les pieds en défi : je n’irais qu’en tant qu’écrivaine, pour dédicacer. J’ai relevé mon défi et voilà mon dixième Montreuil qui se profile…Des souvenirs forts, j’en ai à la pelle : des rencontres magiques avec mes lecteurs et lectrices, des dédicaces pendant des heures, des échanges émouvants, des rires aussi, beaucoup. Je me souviens de cette année où j’étais aphone, je me souviens de lecteur·trices croisé·es, tenant contre leur cœur un de mes livres, comme si c’était un trésor. Je pourrais passer des heures à raconter toutes les belles choses que j’ai vécues entre ces murs, dans ce brouhaha qui, au lieu de nous envahir, crée une bulle autour de nous, pour préserver l’intimité de nos échanges.
C’est le genre de salon qui me fait réaliser pourquoi j’écris. Quand il s’achève, je suis épuisée, mais heureuse et surtout, regonflée à bloc, prête à m’isoler à nouveau derrière mon écran durant de longues semaines afin de tenter d’offrir la meilleure histoire possible, avec l’impatience du prochain SLPJ pour la partager avec mes lecteurs…
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Parler d’un seul livre jeunesse, je ne peux pas. J’ai eu beau tourner l’idée dans ma tête, ça m’est impossible. J’aurais pu, encore une fois, parler de celui qui m’a poussée à écrire quand j’avais 8 ou 9 ans, mais je l’ai déjà fait maintes fois en tables rondes, rencontres scolaires, interviews… Non j’ai juste envie de parler de la littérature jeunesse en général et lui dire merci. Merci d’exister, de faire rêver les jeunes et les moins jeunes, de leur permettre d’explorer la réalité et le rêve, le présent, le passé et le futur, les émotions, les sentiments qu’elle suscite. Elle pave le chemin des lecteurs adultes. Elle prépare des générations de personnes curieuses, rêveuses, celles qui mettront des livres entre les mains de leurs propres enfants pour que le cycle continue. Et pour cela, il n’y a pas un seul livre, mais une multitude, dans tous les genres, tous les univers, à travers toutes les plumes, et c’est ce qui la rend si merveilleuse.Cécile Térouanne (directrice éditoriale d'Hachette Romans)
Un souvenir fort du SLPJ :
En ce lundi 13 novembre, à l'heure où j'écris ces lignes, je veux justement insister sur la dimension de la fidélité et de l'engagement propres au Salon de Montreuil, que ton frère et toi avez incarnée année après année, jusqu'à nous rejoindre à présent du côté des professionnels de ce métier !
Deux dates en sus pour illustrer cela.
Il y a deux ans, en novembre 2015, le Salon est maintenu alors que les portes ouvraient dans la France tétanisée et endeuillée par les attentats.
Il y a 15 ans, en 2002, dans un registre bien moins dramatique mais pas si éloigné au fond, des manifestations avaient lieu sur le stand Flammarion en réaction à la parution du roman de Randa Ghazi, Rêver la Palestine.
Ces deux jalons marquent pour moi combien la littérature jeunesse « participe, de près ou de loin, à tendre un miroir à la société à laquelle elle propose des textes, des paroles ». (Je cite cette formule que je trouve très juste, extraite d'un colloque.)
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Ewilan, le livre que j’aurais tant aimé publier et que j’ai été tellement heureuse de voir Pierre partager avec tant de lecteurs et lectrices, et aujourd’hui encore avec une deuxième génération, y compris chez moi où ma fille cadette les a dévorés à 8 ans, comme sa sœur aînée, à laquelle Pierre les avait dédicacés, avant !
Clémentine Beauvais (autrice et chercheuse)
Un souvenir fort que tu as du SLPJ :
Le SLPJ juste après les attentats. On était toutes et tous un peu stressé·es, c'était un peu vide en semaine, il y avait des non-dits, des coups d'oeil implicites aux issues de secours, etc. Et on pensait toujours évidemment à ce qu’il s'était passé, aux gens (y compris en littérature jeunesse) qui avaient perdu la vie. Et puis finalement on a fait ce salon et c'était plein de beaux moments malgré la grisaille de tous côtés.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Préféré ! mais qui a encore des bouquins préférés ? il y en a tellement des bouquins sublimes ! Je préfère dire plutôt une ou deux phrases sur la littérature jeunesse contemporaine francophone en général. Dire qu'on a de quoi être heureux de ce qu'elle devient, de la rigueur avec laquelle elle est éditée, du sérieux — mais non sans humour — avec lequel on la traite désormais. Et surtout, de la passion et du dévouement de ses lectrices et de ses lecteurs.
Éloïse Scherrer (illustratrice)
Un souvenir fort du SLPJ :
Je crois que ce serait la séance de dédicace de La bulle, mon premier album, en équipe avec Timothée de Fombelle.
Un de ces moments où on constate qu’on est passée de l’autre côté. On ne sait plus comment, mais on y est. Et on se perd les mains dans les manches de ce nouveau costume, ce qui n’est pas très pratique pour dessiner d'ailleurs.
Ça ressemble à une pièce de théâtre, et les gens autour jouent leurs parties très sérieusement. Alors on remonte les manches du costume trop grand d’un air assuré, on fait un peu semblant, et tout s’ajuste.
Un des ces moments simples finalement : une table, deux chaises, des dessins, des « bonjour », des sourires, beaucoup de merci. Mais plus rien n’est comme avant.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Le Hobbit de J.R.R. Tolkien, maître de la poésie en prose. Un mélange parfait d’épique et d’intime, aromatisé à l’anglo-saxonne. Et cette impression de lire une histoire qui existe depuis l’origine du monde ou presque.
Fabien Le Roy (directeur de la Collection R chez Robert Laffont)
Un souvenir fort du SLPJ :
Je n’ai pas tenu le compte des SLPJ auxquels j’ai participé en tant que lecteur / traducteur pour PKJ, mais la cuvée 2017 sera la 6e édition pour la Collection R. Le SLPJ 2012 – où j’ai rencontré pour la première fois, me semble-t-il, deux adorables jumeaux papivores – est resté le plus marquant pour moi. Le stand était fait-maison à tous les points de vue, et Glenn et moi allions tracter aux entrées pour faire connaître notre jeune collection (un concours d’écriture autour de Night School). Ce qui m’avait aussi frappé, et qui ne se dément pas depuis, ce sont les étoiles qui illuminent les yeux des lectrices et lecteurs et qui récompensent année après année le travail acharné pour fournir les meilleurs textes possibles dans les plus beaux objets-livres.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Concernant mon roman jeunesse préféré, la question est très difficile à trancher. J’opterais donc pour mon dernier méga-coup-de-cœur, La Faucheuse du prolifique et génial Neal Shusterman. C’est à la fois intelligent, fouillé, rythmé et amène les jeunes lecteurs et lectrices – les adultes de demain – à réfléchir à ce que sera l’Homme, tout en étant ancré dans un futur suffisamment lointain pour faire voyager.
Gabriel (fondateur du blog La Mare aux Mots, responsable presse et communication pour diverses maisons d'édition)
Un souvenir fort du SLPJ :
Difficile de penser à un seul souvenir à Montreuil tant c’est l’ambiance générale, les 6 jours où la vie va à 100 à l’heure, les copain·ines qu’on croise, les soirées, les dédicaces et tellement d’autres choses. Mais si je dois trouver un moment fort, c’est sans doute la dédicace que j’ai demandée à Nadja il y a déjà quelques années. À cette époque, cette autrice-illustratrice était la personne qui m’impressionnait le plus, dont j’étais le plus fan. J’ai toujours dit, et je le pense toujours que c’est par elle qu’adulte je suis venu à la littérature jeunesse et donc que La mare aux mots existe. Je n’ai aucun souvenir de ce que je lui ai dit… lui ai-je dit plus que « bonjour » en lui tendant mon livre à signer ? Pourtant je la revois devant moi dédicaçant mon La jolie petite princesse et me disant en rigolant et en regardant son dessin, « elle est tapée ! »
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Mon tout petit (d’Albertine et Germano Zullo) parle de la vie. De la naissance à la mort. Un enfant est tout petit dans les bras de sa mère, il grandit. Petit à petit, c’est la mère qui devient plus petite… jusqu’à disparaître. Ce livre est un bijou, une œuvre extraordinaire, une merveille.
Ipiu (lectrice et créatrice du forum Les Éveilleurs)
Un souvenir fort du SLPJ :
Difficile de choisir tant il y en a, depuis toutes ces années ! Mais j’en ai un avec vous, Tom et Nathan, qui est particulièrement précieux à mes yeux. Montreuil 2013, samedi soir. Un groupe d’ami·es, accompagné de Pauline Alphen et Timothée de Fombelle. Une drôle d’expédition ! Dernière représentation de l’adaptation scénique de Je danse toujours, texte du même Timothée. Un monologue virtuose. Une actrice qui vit son texte d’une manière incroyable : Clémence Poésy. Beaucoup d’émotion. Des larmes même. Et puis l’après spectacle, comme dans un rêve : la visite de l’atelier de Timothée, véritable cocon, les valises du Livre de Perle, les yeux plein d’étoiles, les rires, les émotions partagées, les discussions passionnées... Un moment hors du temps qui reste gravé à jamais dans ma mémoire et mon cœur. Une soirée qui représente parfaitement, pour moi, toute la magie de Montreuil !
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Vous le savez, hein, que c’est impossible d’en choisir UN SEUL ?! Bon... Je ne sais pas si c’est vraiment mon préféré mais c’est en tout cas celui qui me vient en premier à l’esprit et l’un de ceux pour lesquels j’ai le plus d’attachement sentimental. Vous ne serez pas trop surpris, je pense, si je cite Ellana de Pierre Bottero. (Même si j’aurais pu, aussi, parler des Éveilleurs de Pauline Alphen, livre grâce auquel on s’est rencontré d’ailleurs ! C’est cruel d’imposer un tel choix.)
Ellana, donc. Une merveille de poésie, d’aventure, de philosophie... Un livre beau et profond, qui a accompagné mes pas de jeune adulte et qui, encore aujourd’hui, me rappelle des choses essentielles sur la connaissance de soi, l’amour, la mort, les doutes... La vie, en fait. Ellana, qui représente également pour moi la rencontre lumineuse avec son auteur, Pierre Bottero. Rencontre qui a marqué ma vie de bien des manières et à laquelle je dois beaucoup. Ellana, parce que rien que l’évocation de ce livre me fait sourire et parce que le premier chapitre, même après toutes ces années, me fait immanquablement pleurer. Ellana, parce que c’est un livre que j’aimerais faire lire aux ados, aux jeunes adultes, aux vieux adultes... Ellana, parce que c’est un magnifique livre universel !
Iris (lectrice, Poussine et étudiante en médiation culturelle)
Un souvenir fort du SLPJ :
S’il ne faut choisir qu’un souvenir, autant choisir celui par lequel tout a commencé. Nous sommes en 2010, j’ai treize ans et je découvre le SLPJ. Après une journée à arpenter les allées du salon, j’arrive sur le stand de Rageot, un peu intimidée, pour faire dédicacer par Gilles Francescano mon exemplaire du Chant du Troll. Il y a du monde, il fait trop chaud, je suis fatiguée. L’attente semble s’étirer à l’infini quand soudain un garçon, bouille ronde, cheveux longs et lunettes sur le nez m’adresse la parole. Et le temps s’arrête. On discute pendant ce qui semble être des heures de nos lectures et de nos vies, installés plus ou moins confortablement sur la moquette du salon. Et je crois que le temps n’a pas repris depuis parce que, malgré les années qui passent, je suis toujours en train de discuter de mes lectures et de ma vie avec ce garçon à lunettes.
Si j’ai choisi ce souvenir, c’est qu’il représente pour moi la magie du SLPJ : les belles lectures qui font naître les belles rencontres.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Impossible de choisir un seul livre préféré en littérature jeunesse, j’en ai un pour chaque âge, un pour chaque découverte, un pour chaque émotion. Mais le premier qui me vient en tête est Vango de Timothée de Fombelle. Parce que ce n’est pas seulement un grand roman d’aventure qui me coupe le souffle, parce que c’est surtout le roman grâce auquel j’ai rencontré certains de mes plus proches amis et qui m’a poussé à partir à l’aventure sur les traces du héros dans les îles éoliennes.
Julia (éditrice chez Sarbacane et fondatrice du blog Allez vous faire lire)
Un souvenir fort du SLPJ :
Je me souviens avec émotion de cette fois où, alors que je ne connaissais pour ainsi dire que Tom (et un peu Nathan), j'ai été accueillie, en bas des escaliers du SLPJ, par tout un groupe de vos amis blogueur·ses et booktubeur·ses de la façon suivante :
(Nathan) - C'est Julia ! C'est elle, la box « La Team Rocket » avec le mot de passe « Plus rapide que la lumière ».
(Tout le groupe) - Aaaaaaaaaah ! Trop bien !
(Moi, in petto) « ? Est-ce vraiment ainsi que je souhaite être définie ? »
(Depuis j'ai réfléchi, la réponse est : oui.)
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Attention, pour cette entrée fracassante dans le royaume de l'originalité, je vous prierais de mettre vos casques et vos genouillères : mon livre jeunesse préféré est... roulements de tambours... Harry Potter ! Quant à dire une chose au sujet de cette saga : c'est elle qui, la première, m'a amenée à vivre la littérature en-dehors de ses pages de papier. C'est par elle que je me suis investie dans la fanfiction, la réécriture et la parodie, la critique littéraire, les soirées costumées... — zut, j'avais si bien commencé !Laurence Poutier (responsable événementiel et relations libraires chez Talents Hauts et Saltimbanque)
Mon souvenir fort du SLPJ :
En 2014, mon objectif au Salon de Montreuil était unique et ambitieux : oui, j’allais découvrir les nouveaux trésors de la littérature jeunesse contemporaine (trésors qui avaient l’habitude d’arriver bien tard dans ma librairie pragoise, Amadito & Friends) ; oui, j’allais rencontrer des autrices et auteurs parmi celles et ceux que j’admire encore aujourd’hui avec ferveur. Certes. Mais ma véritable raison d’être là cette année avait une robe à fleurs, des lunettes roses en forme de cœur, une énergie hors du commun et des paquets d’histoires publiées dans de nombreuses maisons d’édition.
Je voulais (rien que ça !) inviter Susie Morgenstern à venir rencontrer mes petits lecteurs et petites lectrices francophones en République tchèque pour l’année suivante. Dans ma librairie, qui existait depuis deux ans seulement, on vendait des livres jeunesse en français, en anglais, en allemand, à des enfants de toutes nationalités. Et je souhaitais leur faire rencontrer « en vrai », les « gens qui font les livres ».
« Au pire, elle te dira que ce n’est pas possible, et c’est tout », me disais-je, pour me donner du courage. Parce que, quand on représente une toute petite librairie de l’étranger (merveilleuse librairie, mais bien petite tout de même !), on ne se sent pas nécessairement légitime pour aborder une grande autrice (dans tous les sens du terme !), qui recevra quand même quelques années plus tard la Légion d’honneur pour l’ensemble de son œuvre !
Souriant de toutes mes dents, prête à dire quelques mots en tchèque pour la faire rire (« Ahoj, jak se máš ? »), et avec l’énorme enthousiasme que je souhaitais déployer pour l’accueillir à Prague, je vais voir Susie à la fin d’une rencontre scolaire sur le Salon, en 2014. Elle m’écoute, me sourit, laisse un temps de suspens (insoutenable pour moi !) et avec son délicieux accent américain qui sonne comme une sucrerie en français, Susie me répond enfin : « Mais avec plaisir, je viendrai. J’ai très envie de visiter Prague, d’ailleurs. Tu m’emmèneras ? ».
Quelques dizaines de mails et coups de téléphone plus tard, autant de réunions avec les différentes institutions culturelles à Prague (Institut Français de Prague, Alliances Françaises en régions, Lycée français et autres écoles internationales…) pour parvenir à financer les rencontres de Susie Morgenstern avec ses lecteurs et lectrices en République Tchèque (et oui, c’est pas tout d’inviter un·e auteur·trice en librairie et en école… le financement est à inventer ! Mais avec de l’énergie et de l’imagination, on le construit, ce financement !), après quelques mois donc, je faisais visiter à Susie le quartier juif de Prague, avant qu’elle n’aille animer des ateliers d’écriture en Alliances Françaises dans tout le pays.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Tous les titres de Susie, avec une mention spéciale pour Lettres d’amour de 0 à 10, et Le grand roman de ma petite vie : de très belles lectures, avec beaucoup d’émotions, d’amour, de liens et de familles, de douleurs aussi … avec des lunettes en cœur !
Loïc (co-fondateur des éditions La Palissade)
Un souvenir fort du SLPJ :
Affiches du SLPJ de 2001, 2004, et 2005
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Dur à dire parce qu’il y a en beaucoup. Mais alors autant chercher dans ceux qui m’ont marqués étant moi-même enfant. Et je crois que celui dont je me souvienne le plus est Le bonhomme de neige de Raymond Briggs. C’est un album sans texte qui raconte l’histoire d’un petit garçon et de son bonhomme de neige qui prend vie le temps d’une merveilleuse nuit. Il y a là tout ce que j’aime dans un livre pour enfant : la poésie, l’imaginaire, l’aventure, la transgression… Et quel plaisir quand je le croise chaque année à Montreuil chez Grasset !
Mélanie Decourt (éditrice chez Nathan et co-fondatrice des éditions Talents Hauts)
Un souvenir fort du SLPJ :
Mon souvenir le plus fort à Montreuil ? Ce serait le premier évidemment avec Laurence, en 2006, pour Talents Hauts, et surtout le montage la veille : notre arrivée - minuscules au milieu des semi-remorques -, l’accrochage de la banderole debout sur la table (« mais, j’ai le vertige ! »), nos dix livres fièrement disposés... Cette grande émotion (et ce grand stress) (et ces grands grands fous rires).Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Mon livre pour la jeunesse préféré, il y en a des centaines. Puisqu’il faut en retenir un seul, aujourd’hui je choisis Bébé de Fran Manushkin et Ronald Himler paru en français à l’école de des loisirs en 1976 et offert à ma pomme peu de temps après par ma mère qui avait décidément un goût très sûr en littérature jeunesse. « Madame Bontemps faisait pousser un bébé… » Je le connais par cœur, et mes filles aussi qui ont dix ans et demi me demandent souvent de le relire, comme une délicieuse madeleine. Tout est réussi dans cet album : la simplicité du texte, la puissance des gravures en noir et blanc fourmillant de détails et d’humour (eh oui un album jeunesse en noir et blanc !), la finesse des cadrages, le schéma narratif parfait, et par-dessus tout l’immense bienveillance qu’ont les auteurs pour le personnage de Bébé signifiant mieux que tous les longs discours la place centrale que l’on devrait accorder à l’enfant dans la famille et la sociétéPauline Alphen (autrice)
Un souvenir fort du SLPJ :
Novembre 2010, salon de Montreuil, assise devant les piles de Salicande, le tome 1 de Les Éveilleurs suivi depuis peu du tome 2. Je crois bien connaître le salon, j'y ai travaillé, mais là, je me trouve de l'autre côté des piles. À côté de moi, autour, partout, des dizaines d'écrivains et écrivaines, des milliers de livres. Contente, curieuse et perplexe, je ne m'attends certainement pas à ce qui arrive droit sur moi. Deux garçons de 12 ans, timidement excités, s'approchent, leurs parents formant une arrière-garde bienveillante. Alors qu'ils s'avancent, je comprends que je vais signer mes premiers exemplaires à des jumeaux. Jumeaux comme les personnages centraux des Éveilleurs. Comment ne pas voir un clin d'œil encourageant de l'Univers, comment ne pas lire: c'est bon, tout est à sa place ! On bavarde. Les garçons ont cette lueur dans l'œil quand ils parlent des livres. La lueur de celles et ceux qui entrent dans la lecture de toute leur âme et en sortent transformé·es. Pourquoi, en 2009, Tom et Nathan sont-ils venus vers ce livre et cette autrice inconnue ? Les rencontres et les récits sont tissés de mystérieux et signifiants hasards. Le lien a perduré au fil des livres et du temps. Quand je les rencontre, je ressens de la joie et cette sensation magnifique que tout est à sa place. C'est ce que Tom et Nathan sont pour moi : un clin d'œil réjouissant de l’Univers.
Mon livre préféré de littérature jeunesse :
Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien.
Stéphane Servant (auteur)
Un souvenir fort du SLPJ :
Des jeunes qui lisent, quoi qu'en disent les corbeaux médiatiques, on en croise souvent.
Des jeunes passionnés de littérature, il en existe bien entendu.
Mais ceux-là, à la manière d'une bande de pirates, ils·elles écument les salons du livre.
Ils·elles y traquent les pépites qui feront briller leurs yeux.
Sans peur, ils·elles vont à l'abordage des livres et des auteurs et autrices.
Une fois les poches remplies, ils·elles rentrent chez eux·elles et ils·elles déposent leur butin sur leurs blogs.
Les pirates, ce sont Iris, Lucille, Jolène, Amélie, Tom et Nathan.
Depuis, ils et elles ont grandi, ont poursuivi leur chemin au milieu des livres. Et tous les ans, on se retrouve dans les allées de Montreuil. Quelques mots échangés. Les nouvelles du lointain. Comme le petit rituel d'une confrérie. Finalement, si le SLPJ ne devait servir qu'à une seule chose, ce serait peut-être à ça : tisser. Tisser des liens.
Thomas Scotto (auteur)
Un souvenir fort du SLPJ :
À certaines heures de pointe, les allées du Salon de Montreuil sont de grands boulevards sans règles précises.
Juste celles de se suivre, de se croiser, se bousculer et avancer… coûte que coûte.
Là, on est samedi, dimanche peut-être et je discute furtivement avec Timothée de Fombelle et Erik L’homme dans l’un de ces torrents à histoires. Montreuil, c’est aussi l’occasion de prendre des nouvelles.
Là, une main tapote deux petits coups sur mon épaule et en passant, un homme que je reconnais aussitôt me lance : « Salut Vincent ! ». Les deux autres, qui ont l’habitude de travailler avec lui, s’en étonne !
Moi, fièrement : « Et oui, François Place m’appelle Vincent… »
Et nous retournons dans le creux de notre discussion.
La scène n’a pas duré six secondes.
Pourtant, deux minutes plus tard, la même main sur mon épaule. Une main qui s’attarde et le regard désolé de François Place : « Thomas, excuse moi, j’ai dit Vincent tout à l’heure mais je sais que tu t’appelles Thomas. »
Et moi qui suis plus désolé encore :
« Mais tu n’es pas revenu pour ça ? »
« Si… si, ça m’agaçait. »
Là, dans le flot de Montreuil, François Place n’était pas obligé de faire demi-tour pour quelqu’un qu’il connaissait à peine.
Mais c’est l’apanage des plus grand·es… revenir.
La délicatesse dans la cohue.
Et certains, beaucoup plus jeunes, ont ce même sourire fidèle derrière leurs lunettes pour défendre ce qu’ils aiment. La littérature jeunesse. La littérature tout court.
Et 10 Montreuil plus tard je maintiens : c’est l’apanage des plus grands !
Merci à tous deux.
Et, enfin, Nathan
Un souvenir fort du SLPJ :
C'est en commençant à écrire ce petit texte que je me rends compte combien la tâche que nous avons demandée à toutes ces personnes importantes dans notre vie au SLPJ était difficile : ne choisir qu’un seul souvenir dans ce lieu magique. Je ne suis que plus reconnaissants à tous ces petit·es écrivain·es d'un soir (ou écrivain·es tout court !) d'avoir pris quelques minutes pour partager avec nous un souvenir, à la manière de Dumbledore qui extrait de sa mémoire des instants qu'il laisse tomber dans la Pensine.J’avais envie de vous parler de toutes les impressions qui rendent Montreuil si particulier, celles qui font qu'un événement prend dans notre vie une saveur particulière, et tout à fait indescriptible. Quand on y repense ensuite, comme je le fais à l'instant, c'est toutes ces impressions, doublées d'une grande nostalgie, qui nous reviennent : l'excitation en attendant l'annonce du programme, les listes de dédicaces décortiquées, lues ligne par ligne dans une attente fébrile, le long voyage en train, avec notre mère, tout impatients d'être au lendemain, le trajet en métro en comptant les arrêts jusqu'à Robespierre, l'entrée presque en courant dans le salon, le dernier au revoir à la fin du weekend...
Mais il m'est revenu un souvenir en particulier. Un souvenir qui date peut-être de l'année 2013, lorsque Tom et moi avions passé 5 jours au salon. Pour la première fois, on partait de Montreuil en voiture, avec nos parents, en regardant la halle d'exposition s’éloigner. Et je me souviens que j'avais une boule dans la gorge qui me donnait tant envie de pleurer. Et je crois que j’ai bien rarement été aussi triste qu’à cet instant.
Sauf que ce souvenir ne raconte pas la tristesse. Il raconte la nostalgie. Il raconte l'émotion d’un événement incroyable qui prend fin.
Il raconte, surtout, combien quitter Montreuil, c'est comme partir de chez soi.
Ton article et celui de Nathan sont tout simplement adorable, on ressent tellement d'amour pour ce salon et pour la littérature jeunesse, vous m'avez mit la larme à l'oeil ! Ça me donne encore plus envie d'être ce week-end pour partir à l'assaut de ce salon pour la première fois ! J'espère pouvoir vous y croiser ;)
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ces doux mots ! Ravi d'émouvoir d'autres personnes... J'espère t'y croiser aussi ;)
SupprimerVous êtes tous les deux incroyables.
RépondreSupprimerJe sais qu'il faut vous dissocier, ne pas vous mettre dans le même panier, mais pour la vidéo, cet article, vous êtes incroyables.
La manière dont vous avez vécu et grandi avec Montreuil est tellement chouette ! Votre bande de copains et copines, vos rencontres, vos correspondances avec des auteurs... Tellement fou !
Ca donne envie de rajeunir, pour recommencer :)
Pour mes souvenirs, j'ai commencé plus tard. Il a fallu aller en prépa, ouvrir à nouveau un Bottero, après l'avoir rencontré (salon du livre 2009...) sous le regard médusé des camarades de classe, se rappeler la magie des livres jeunesse et se dire "mais pourquoi je n'ai pas continuer déjà ?"
Il a fallu attendre 2011, et une amie qui m'a dit "Tiens ton pass presse pour le salon jeunesse" "Mais on ne chronique pas de la jeunesse" "On pourrait". Chouette moment, à l'inauguration, en journée. Mais je me suis sentie comme une étrangère : tous ces livres que je ne connaissais pas, qui avaient l'air si bien ! Je me suis réfugiée du côté des connus, des classiques.
Puis pas de salon en Ecosse (je me disais bien que j'en avais loupé un au milieu !)
Retour en 2014, pendant l'agrégation : parenthèse enchantée, en attendant d'y emmener mes propres élèves.
Et dès 2015, le début de l'aventure, chaque année !
- 2015, premier salon avec mes 5e chahuteurs mais enchantés, un jeu de piste avec quelques défauts, mais l'idée est là.
- 2016, les attentats, l'interdiction de sortir, les 6e partagés entre la déception et la peur, moi qui rôde dans les couloirs de l'inauguration, alpaguant une visiteuse qui dit que les sorties sont autorisées, attendre jeudi, 16h, pour être sûre, les emmener à l'arrach s'il faut, mais non : pas de transport en commun. Déception pire encore.
- 2017, la revanche : des 6e motivés, armés d'un jeu de piste bien alimentés parce que je ne lis plus que ça, des livres jeunesse en veux-tu en voilà, si bien.
- 2018, avec vous. Un jeu de piste préparé avec vos idées, des 6e motivés et informés sur la chaîne du livre, un sac trop plein d'achat et une envie d'y retourner tous les jours pour vous voir.
Je regrette de ne pas avoir grandi avec ce salon, comme vous l'avez fait, je me rattrape sur mes élèves et j'essaye de les faire grandir là-bas, tous les ans.
A demain, à samedi <3
A l'année prochaine et aux suivantes !